-
L'injure à caractère sexuel
Toujours à la mode de Jules César à Kyrgios
Selon l'ATP, insulter la virilité d'un joueur de tennis en lui signifiant sur le terrain que sa copine s'est offert un peu de bon temps avec un autre joueur du circuit vaut 10 000 $ d'amende. Cela fait cher la provocation. Car il s'agit bien de cela, une provocation censée déstabiliser l'adversaire pour prendre le dessus sur lui en lui rappelant qu'il n'est pas un mâle alpha puisque sa femelle a recours à d'autres hommes pour son plaisir.
Le jeune joueur australien Nick Kyrgios a bien compris que pour égratigner l'amour propre d'un homme, il n'était pas inutile de frapper sous la ceinture. Et le jeune roquet à crête (attribut viril du coq, cqfd !) de dire à Wawrinka avec condescendance en plein milieu d'un match "Kokkinakis a baisé ta copine. Désolé de te le dire mec" (source : L'Equipe 14/08/15).
L'injure est mesquine mais efficace. Le Suisse abandonne pour mal de dos, incapable de dominer le jeune roquet à crête. Il doit supporter (d'où le mal de dos?) le poids du slut-shaming dont sa copine, Donna Vekic, vient d'être la victime. Car Kyrgios attaque Wawrinka indirectement par des techniques rhétoriques que l'on connaissait déjà bien dans l'Antiquité. Les hommes respectables, les mâles alpha, ne sortent pas avec des filles légères. C'est bien le comportement de Donna Vekic qui est pointé du doigt, sa liberté sexuelle est utilisée pour injurier son compagnon - Jules César aimait coucher avec les femmes de ses ennemis politiques pour les ridiculiser-. L'homme à qui l'on peut dire "Untel a baisé ta femme" perd toute crédibilité aujourd'hui encore.
Je m'étonne tout de même que les journaux sportifs ne parlent que de l'honneur bafoué de Wawrinka. La réputation de Vekic n'a aucune importance. Le tennis, un sport franchement sexiste ? Parce que le sous-texte est bien celui-là, Kyrgios rabaisse Wawrinka en lui disant que sa copine est une p***. Et depuis l'Antiquité, ce sont les mêmes injures qui reviennent inlassablement. On insulte les femmes en les accusant de s'offrir aux hommes avec trop de complaisance et on prend pitié du pauvre compagnon méprisable qui sort avec une trainée.
Selon l'ATP, on doit être fair-play sur un terrain de tennis. Il est interdit de salir l'honneur d'un joueur. Le slut-shaming en lui-même n'est pas condamnable. Alors ne venez pas me demander pourquoi je déteste le sport !
-
Commentaires