• Barbie "curvy"

    ou comment Mattel capte les mamans complexées

    Qu'est devenue ma Barbie ?Enfant, j'étais fan de Barbie. J'ai bien dû y jouer jusqu'à l'âge de 12 ans (après, c'était les boys band... haaa, les années 90 oops). La célèbre poupée mannequin était le réceptacle de mon imagination, me permettait de me projeter dans une vie d'adulte fantasmagorique et d'ailleurs, c'est bien cela la fonction anthropologique et sociale d'un jouet. Moi, petite, brune, à la morphologie méditerranéenne, je ne me suis jamais dit une seule seconde que, dans ma vie d'adulte, je ressemblerai physiquement à mes Barbies (par contre, la jaguar fuchsia, je prends -ah, mince, j'ai pas le permis).

    Barbie appartient à l'univers onirique de l'enfance, elle est belle comme elle est, longue et fine comme les héroïnes de mangas (spéciale dédicace à Sailor Moon et aux Cat's eyes), et continue à séduire par sa beauté qui renvoie bien à l'imaginaire et non au réel. Souvenez-vous, Mesdames, comme vous étiez déçues quand on vous offrait un ersatz de Barbie pas aussi jolie que l'originale. Les études marketing de Mattel prouvent que les petites filles n'adhèrent pas aux nouvelles formes rebondies des nouvelles Barbies faschonistas mais qu'à cela ne tienne, Barbie, c'est Maman qui la paye.

    Et finalement, celle qui n'en peut plus de la silhouette idéalisée de Barbie, c'est Maman, Maman qui ne parvient pas à perdre ses derniers kilos de grossesse et qui ne supporte plus de marcher en stilettos parce que avec les sacs de courses et les enfants, c'est pas humain. Pourtant, Maman continue à acheter les magazines féminins qui lui vendent le dernier régime yoyo à la mode et regarde avec envie sur la couverture cette adorable mannequin (réelle pour le coup) de 17 ans, que l'industrie de la mode (des vrais adultes dans la vraie vie) lui impose comme modèle (et je ne parle même pas de Miranda Kerr ou de Natalia Vodianova qui, à l'évidence, ont vendu leur âme au diable pour ne pas vieillir).

    Alors à défaut de s'en prendre à l'industrie de la mode et à ses diktats qui font l'apologie de la maigreur, à ces marques qui nous font croire qu'on est obèse si on fait un petit 40 (Abercrombie, si tu m'entends...), Maman s'en prend à Barbie et à ses mensurations impossibles dans la vraie vie, parce que Barbie, qui n'est qu'un bout de plastique, a moins de répondant.

    Maman boycott Barbie qui donne une mauvaise image de la femme à sa fille et ne veut surtout pas voir qu'elle projette toute seule ses complexes distillés par nos modèles sociaux sur le petit bouc émissaire à talons roses de 30 cm. Barbie renverrait à un idéal de beauté inatteignable ? Mais la silhouette de Barbie date de sa création en 1959, à une époque où la femme idéale avait les mensurations de la pulpeuse Marylin Monroe. Elle n'a donc jamais été un idéal à atteindre mais une représentation stylisée de la féminité... un peu comme les Vénus préhistoriques aux rondeurs généreuses.

    Mattel se fout royalement de l'image de la femme que renvoie sa poupée mythique. Mattel veut vendre plus de Barbies et séduire les Mamans réticentes. Avec ses trois nouvelles silhouettes, c'est chose faite. En attendant, des mannequins dénutries continuent à défiler pour de vrai sur les podiums et on achète encore la crème qui nous redonnera la peau de nos 20 ans et nous constaterons, avec amertume, que le miroir de la salle de bain n'est pas équipé de photoshop !

    Barbie "curvy", l'écran de fumée de notre déni sur notre société ? Nos filles ne voudront pas plus ressembler à Barbie que nous, le danger viendra quand elles achèteront les magazines féminins qui leur feront croire qu'on ne peut pas être belle avec IMC supérieur à 18. Alors, si vous voulez mon avis, ce n'est pas Barbie qui devrait être "curvy" mais Kate Moss et Gisele Bündchen !

    P.S. : Regarder avec vos filles la série Barbie in the Dream House (qui est hilarante) et vous verrez bien que le monde de Barbie n'est en aucun cas réaliste, qu'il ne prétend pas l'être, et qu'il faut arrêter de prendre nos filles pour les idiotes qu'elles ne sont pas.


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